Le maire de Saint-Laurent-Médoc, Jean-Marie Féron, a bondi de sa chaise en lisant notre édition du 6 août. Dans ce numéro, Le Journal du Médoc mettait à l’honneur plusieurs hébergements insolites dans lesquels il est possible de passer les vacances. Dans cette sélection, on trouvait la Cabane de l’Émotion, construite l’hiver dernier dans un parc arboré de la propriété viticole de La Tour Carnet à Saint-Laurent-Médoc, 4e Grand Cru classé 1855 appartenant depuis l’an 2000 à l’homme d’affaires bordelais Bernard Magrez. Une réalisation dont l’édile n’avait jamais entendu parler.
En consultant le service urbanisme de la Ville, Jean-Marie Féron s’est aperçu qu’aucun dépôt de permis de construire n’avait été déposé en mairie pour cette cabane et qu’aucune déclaration de travaux n’avait été faite. En clair, la construction de cette cabane est illégale, selon le maire, qui a convoqué le directeur du domaine pour le prévenir de l’entrave aux règles d’urbanisme. Vendredi 6 août, le maire a transmis un courrier à la direction du château dans lequel l’élu lui signifiait une interdiction de louer ce logement. Un procès-verbal a été dressé le mardi suivant. Une procédure de régularisation va être ouverte, mais Jean-Marie Féron est convaincu qu’elle n’aboutira pas. Située au bord d’un chenal, la cabane se trouve en zone rouge du Plan de prévention des risques inondations (PPRI). Autrement dit, le risque de submersion est fort et, en règle générale, le terrain est inconstructible. Si ce scénario se confirme, la cabane devra être démontée. « Ce n’est pas parce que l’on a d’importants moyens financiers que l’on peut se permettre de faire n’importe quoi, prévient l’élu. Je ne vais pas fermer les yeux sur cette construction, sinon on ferme le service urbanisme et on laisse faire. »
Contactée mardi 10 août, Christine Béland, directrice du service œnotourisme des vignobles Bernard Magrez, qui nous avait parlé de cette cabane vouée à la location et conçue pour passer un moment de détente en pleine nature, tombait des nues. « On m’a appris vendredi que la cabane avait été fermée par la mairie jusqu’à nouvel ordre, admettait-elle. Le problème que nous rencontrons dans le service est que nous avions beaucoup de demandes de réservations pour cette cabane ; alors on essaie de trouver des places pour les clients dans le château ; heureusement, il est vaste ! » Confiant qu’elle pensait l’affaire entre les mains d’un cabinet d’avocats, la responsable de l’œnotourisme s’avouait également un peu dépassée. « La seule personne qui puisse vous répondre est Monsieur Magrez, mais hélas il est absent cette semaine », regrettait-elle, avant d’ajouter : « Du côté des opérations, ça nous tombe dessus comme ça, alors pour l’instant, on est plutôt dans la réaction. »
De son côté, Lionel Lagarde, le sous-préfet de Lesparre-Médoc, explique ne pas avoir pour le moment d’information concernant ce dossier.
Auteur : Mathieu CAURRAZE et Raphaëlle CHARGOIS