• Charente
  • Charente Maritime
  • Viene / Deux-Sèvres
  • Dordogne
  • Landes
  • Lot et Garonne
  • Tarn et Garonne
  • Echo de l’Ouest
  • Gironde
vendredi, mars 24, 2023

Suivez-nous

La renaissance de Tour Saint-Fort

spot_img

Quand on traverse le lieu-dit Laujac, impossible de ne pas apercevoir cette magnifique bâtisse en pierre blonde, datant du XVIIIsiècle, posée au cœur du prestigieux vignoble de Saint-Estèphe. C’est comme une bastide, dominée par quatre tours, qui s’invite dans le paysage viticole médocain.

En l’espace de quelques années, Château Tour Saint-Fort a connu une impressionnante métamorphose. On peut même parler de renaissance pour cette propriété, qui a connu un âge d’or au cours du XIXsiècle, avant de décliner en raison des crises qui ont marqué à la fin de ce siècle. Après une première renaissance au début du XXe siècle, sous l’impulsion de la famille Pineau, la propriété, qui entretemps est devenue une ferme d’élevage, a pris un nouveau virage au début des années 1990 après l’acquisition par Jean-Louis Laffort, puis a connu une importante transformation à la suite du rachat en 2016 par un investisseur chinois. Ce dernier, qui ne souhaite pas dévoiler son identité, a réalisé des investissements conséquents pour redonner de sa superbe à la propriété stéphanoise. Un chantier d’un an et demi, qui s’est achevé en juin 2018 et qui a permis à Tour Saint-Fort de changer de dimension. « L’objectif était d’en faire un bel outil, qui s’inscrirait dans le temps aussi bien sur le plan technique que sur le plan œnotouristique », explique Pascal Fricard, directeur général du château depuis 2017. « En clair, tout a été mis en œuvre pour produire des grands vins », poursuit-il.

Cuves tronconiques inversées

À partir des bâtiments existants, l’architecture a été entièrement repensée afin de renforcer l’image de « château » mais aussi pour être en adéquation avec le nom de la propriété. C’est ainsi que quatre tours ont été érigées à chaque coin de la bâtisse par des compagnons tailleurs et couvreurs. « On ne connaît pas l’origine exacte du mot  »tour », explique le directeur. La première trace de  »tour » est apparue au début du XXsiècle avec Monsieur Pineau, qui a baptisé le domaine  »Cru Tour Pineau ». En effet, la propriété a changé de nom à plusieurs reprises. »

L’une des transformations les plus spectaculaires se trouve dans l’ancienne cour de la bâtisse, qui a été fermée pour créer un chai ultramoderne, digne d’un grand cru et lumineux grâce à la présence de grandes ouvertures vitrées. La couverture octogonale de la pièce rappelle celle de la halle d’un marché. Quatorze cuves tronconiques inversées (plus larges en haut qu’en bas) et thermorégulées y ont été mises en place. La forme de ces cuves de vinification permet au chapeau de marc de s’écouler lors des soutirages sous la pression et de réduire le nombre de remontages nécessaire. « Nous disposons de trois volumes de cuve (4 cuves de 60 hectolitres, 4 cuves de 79 hl et 6 cuves de 91 hl), ce qui permet de mieux travailler sur la sélection parcellaire et de gagner en précision pour les assemblages », confie Pascal Fricard.

La disposition en « haie d’honneur » des cuves dans le chai n’est pas seulement esthétique, elle est aussi technique « afin d’avoir de grands espaces ». « Les plus grosses cuves sont au centre et les plus petites à l’extérieur, ce qui a permis de gagner de la place sur les côtés de la pièce et d’installer 4 cuves d’assemblage de 120 hectolitres. » L’assemblage des différentes sélections a abouti à la création de deux vins : Château La Tour Saint-Fort et Baron d’Estours. Le chai à barriques, composé de 140 barriques, a aussi été refait à neuf, notamment pour répondre aux normes en matière de température régulée et d’hydrométrie.

Objectif cru bourgeois supérieur

« On dispose d’un très bel outil, qui a permis de gagner en qualité, confie le directeur. Depuis le millésime 2017, année de la livraison du nouveau chai, nos vins ne cessent de progresser. Maintenant que l’on maîtrise ce nouveau matériel, on va arriver à notre vitesse de croisière. » Le travail a été récompensé puisque Tour Saint-Fort fait partie du dernier classement des crus bourgeois. « Cet outil, qui est aussi un enjeu de communication, de notoriété et d’image, ne fait pas tout, précise-t-il. Le terroir n’est rien sans les hommes et les femmes. »

La volonté du directeur est de poursuivre sur cette lancée, avec l’objectif d’obtenir la classification « supérieur » lors du prochain classement des crus bourgeois en 2025. « On a l’outil pour ». L’autre objectif de la propriété, qui est en passe d’obtenir la norme Haute valeur environnementale (HVE) 3, est de viser la certification « bio » à court terme. « Le bio demande d’être très réactif et nécessite d’avoir plus de moyens humains », précise le directeur du château, qui compte cinq salariés.

La création d’une salle d’accueil et de dégustation spacieuse et lumineuse a aussi fait partie du projet. Cet aménagement s’inscrit dans le développement de l’activité œnotouristique souhaité par le propriétaire. D’ailleurs, les travaux ont été l’occasion d’aménager, à l’étage, cinq spacieuses chambres d’hôtes, dévoilant chacune un univers différent. Une activité « secondaire » pour la propriété, qui fonctionne bien, à écouter Pascal Fricard.

En parallèle des travaux d’aménagement du bâtiment, un autre chantier a été mené : l’amélioration du vignoble. Certaines parcelles de vignes étant en fin de vie, elles ont dû être arrachées et replantées. « Depuis 2016, trois hectares ont été renouvelés en rotation », confie le directeur. La propriété exploite 11 hectares de vignes, mais a un potentiel de 14 hectares.

Auteur : Mathieu CAURRAZE

PHOTO CHÂTEAU TOUR SAINT-FORT

PHOTO JDM

PHOTO CHÂTEAU TOUR SAINT-FORT

Articles populaire

À la une

Rester Connecter

18,331FansJ'aime

Abonnez vous

AccueilLe MédocLa renaissance de Tour Saint-Fort
ARTICLES LIÉES