• Charente
  • Charente Maritime
  • Viene / Deux-Sèvres
  • Dordogne
  • Landes
  • Lot et Garonne
  • Tarn et Garonne
  • Echo de l’Ouest
  • Gironde
vendredi, mars 24, 2023

Suivez-nous

Le grand test des nageurs-sauveteurs

spot_img

Une eau à 13,5 degrés dans laquelle il faudra plonger le visage. C’est surtout ce qui inquiétait légèrement ce pisteur secouriste, venu de Bourg-Saint-Maurice pour tenter sa chance lors de la journée de sélection de nageurs sauveteurs civils, organisée à la plage nord de Lacanau-océan. La température de l’océan, même durant une chaude journée de printemps, peut en refroidir plus d’un, y compris un montagnard. Samedi 24 avril, une centaine de candidats, âgés de 18 à 28 ans, venus à 95 % de Nouvelle-Aquitaine, étaient réunis pour tenter d’obtenir leur place dans l’un des postes de secours dédiés à la surveillance des plages en été, et même en avant-saison touristique, puisque les premiers de ces postes ouvrent les week-ends à partir du 1er mai, à la plage centrale de Lacanau ainsi qu’à Montalivet.

Une journée et trois sites de sélection

La journée de sélection était organisée par le syndicat pour la surveillance des plages et des lacs du littoral girondin. Environ 350 candidats (pour environ 200 postes de nageurs sauveteurs à pourvoir) étaient réunis en trois sites distincts, et non pas un seul, afin d’éviter un brassage de personnes trop important en cette période sanitaire tendue : à Lège-Cap-Ferret pour les postes de secours de Le Porge et Lège, à Soulac-sur-mer pour ceux de Soulac et Grayan-et-L’Hôpital et à Lacanau pour Carcans, Hourtin, Lacanau et Naujac-sur-mer (quatorze postes de secours).

En ces temps de Covid-19, il a fallu faire une croix sur le principe du week-end en groupe, avec logements et repas prévus pour l’ensemble des candidats. Tout était resserré le temps d’une seule journée, comme cela se pratique en Australie, preuve que ce format de sélection peut suffire. Alors, pour tous, c’était rassemblement au poste de secours à 8 h 30 et départ en fin d’après-midi vers 18 heures en sachant si l’on est retenu ou pas, avec des explications à la clé, histoire que personne ne reparte sans savoir ce qui justifie de ne pas avoir satisfait aux épreuves d’aptitudes. Les nageurs sauveteurs recrutés depuis deux saisons n’étaient pas convoqués ce jour-là, sélectionnés d’office en quelque sorte, compte tenu de leurs compétences déjà connues et éprouvées.

Des critères physiques, mais pas que

Outre un test virologique PCR négatif – le sésame à présenter pour chacun, encadrants compris – ainsi qu’un certificat médical d’aptitude, « tous les candidats sont titulaires, a minima, du BNSSA (brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique) et du PSE 2 (diplôme de premiers secours en équipe de niveau 2) », explique Guillaume Counilh, coordinateur pour la surveillance des plages de Lacanau, Carcans et Hourtin. Trois communes du littoral médocain qui recrutent à elles seules « quatre-vingt-dix-neuf » nageurs sauveteurs, « CRS compris », précise Guillaume Counilh. Pour cette journée, seize chefs de postes et adjoints aux chefs de postes de Lacanau, Carcans et Hourtin composaient l’encadrement. Sept nageurs sauveteurs étaient affectés à la sécurité des candidats pendant les épreuves. Des candidats pour la plupart d’entre eux aguerris, membres d’un club de sauvetage ou de natation, triathlètes ou surfeurs.

Comme l’explique Hervé Cazenave, adjoint au maire de Lacanau chargé du littoral et de ses activités – il fut lui-même, à une autre époque, chef de poste à la plage super-sud de Lacanau -, il ne s’agit pas de « casser » physiquement les candidats. Un sauveteur nautique seul n’est rien. C’est une équipe qu’il faut construire, sur la base de compétences individuelles. Si les critères techniques et physiques constituent « un prérequis nécessaire », indique Guillaume Counilh, il faut également avoir en soi « une fibre » du secours aux personnes, être tourné vers les autres, être capable de vivre et travailler en équipe plusieurs mois au sein d’un poste de secours. Bien que les exigences soient élevées, « nous ne sommes pas là pour être une équipe de sport », ajoute Guillaume Counilh pour bien faire saisir le fait qu’être nageur sauveteur ne se résume pas aux muscles et au cardio. L’état d’esprit compte également beaucoup dans la grille de notation et d’appréciations. Les capacités s’exercent principalement sur le sable, avec la mise en place chaque jour du dispositif de surveillance, un rôle d’information et de prévention auprès du public, etc., qui représentent 80 % du temps de travail.

Tests sur le sable et dans l’eau

En raison de gestes barrières à respecter, le test de secourisme s’est résumé à une épreuve écrite, sur papier. Pour organiser, comme cela se fait en temps normal, des exercices à partir de mises en situations réelles (sauvetage sur une victime consciente ou inconsciente, sortir une victime de l’eau, effectuer un premier bilan, etc.), il aurait fallu des gants, des lunettes de protection, tout un attirail assez lourd à mettre en place. Décision a été prise de réduire autant que possible les contacts physiques. Compréhensible mais étrange tout de même, alors qu’être nageur sauveteur consiste précisément en un métier de contact où il s’agit de faire corps. Pour le reste, après un échauffement physique en groupe sur la plage, différentes épreuves étaient prévues. Notamment le test de Luc Léger, du nom d’un docteur d’État canadien et enseignant à l’université de Montréal. Au cours de ce test, l’endurance est mise à rude épreuve : sur une distance de vingt mètres matérialisée par des plots, il s’agit d’accélérer progressivement la cadence afin de réaliser des allers-retours selon le rythme dicté par un bip. Les pieds dans le sable, tout demande plus d’énergie. Les candidats ont ensuite été évalués dans l’océan en « course/nage/course », en nage avec palmes ainsi que dans leur utilisation des outils de sauvetage (bouée tube, filin, paddle board).

À partir d’un barème de points, un classement des candidats a été établi. Résultat, un peu moins d’un candidat sur deux a été retenu sur la centaine qui postulait. Ce qui permet un choix qualitatif. Même s’il engendre des déceptions parmi ceux qui ne sont pas sélectionnés. Comme le dit Hervé Cazenave, « il vaut mieux être en échec là plutôt qu’après, pendant une intervention qui pourrait être douloureuse, pour la victime et pour le nageur sauveteur lui-même ». Encore courbaturé, Grégoire Debu, Canaulais de 18 ans, rejoindra cet été le poste de secours de « la sud », une plage qu’il connaît depuis son enfance. Le chef de poste lui a même proposé de rejoindre l’équipe de « la centrale » dès le mois de juin ; « ça dépendra de ma scolarité, de si le grand oral est annulé ou pas », explique l’étudiant, qui souhaite intégrer une prépa MPSI (mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur). Membre du club de sauvetage côtier de Lacanau, Grégoire Debu fait partie de ceux qui ont ressenti la fierté d’avoir été sélectionnés à l’issue de tests exigeants. « Le corps est poussé dans le plus dur. Tout le monde souffre. Il ne faut pas lâcher mentalement. C’était un peu mon rêve d’être sauveteur ici. »

Auteur : Dominique BARRET

 

 

Articles populaire

À la une

Rester Connecter

18,331FansJ'aime

Abonnez vous

AccueilLe MédocLe grand test des nageurs-sauveteurs
ARTICLES LIÉES