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dimanche, avril 2, 2023

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Lutter contre l’illettrisme en créant du lien social

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Comme toutes les associations de Gironde, L’Oiseau Lire attendait ardemment l’énoncé des décisions de la préfète, Fabienne Buccio, fin septembre, concernant la tenue des activités et rassemblements associatifs. Car l’association médocaine, dont le but est de lutter contre l’illettrisme et qui a évolué pour devenir un important acteur de l’inclusion sociale sur le territoire, est en quelque sorte à un point crucial de son histoire. L’assemblée générale, qui aurait dû se tenir entre janvier et mars, reportée une première fois en septembre en raison du confinement puis à nouveau reportée pour des raisons d’indisponibilité de salle municipale, devait ainsi amorcer plusieurs tournants.

Dans un passé proche, l’association a en effet connu plusieurs difficultés : financières, d’abord. Et ce n’est que grâce au soutien des collectivités locales qu’elle a pu relever la tête. Mais ce sauvetage n’a pas été dénué de contreparties. L’Oiseau Lire a dû se réorganiser pour bâtir, en collaboration avec le Département de la Gironde, la Région Nouvelle-Aquitaine et les communautés de communes du Médoc, un nouveau projet reposant sur quatre engagements : la réduction de la masse salariale ; la promotion des offres de formations payantes dispensées par L’Oiseau Lire ; la mise en place d’un important plan de redressement pour éponger les dettes de l’association ; et surtout la réalisation d’un ambitieux projet de création d’un espace de vie sociale (EVS).

Un projet innovant

De quoi s’agit-il ? Un espace de vie social (EVS), « c’est un peu comme un centre social, mais en plus léger, explique Anne Sauveroche, présidente de L’Oiseau Lire. C’est une structure dans laquelle on peut venir faire de la musique, du bricolage, disposer d’un espace de discussion, boire un café… En gros, tout ce qui permet de créer du lien social à partir des envies des gens de la commune où il est implanté et qui le fréquentent. Notre projet est innovant, car aujourd’hui, un espace de vie social est généralement identifié comme rattaché à un lieu. Mais nous, nous voudrions mettre en place un EVS itinérant, qui corresponde à la caractéristique de L’Oiseau Lire : celle de balayer tout le territoire, car il y a beaucoup de disparités en Médoc. Cela complexifie un peu les choses, car un espace de vie social doit être bâti en partenariat avec les structures qui existent déjà (cafés et jardins associatifs, activités culturelles, etc.) sachant qu’un EVS doit répondre à la demande du public », poursuit-elle. « La CAF nous pousse beaucoup dans cet objectif car ça a beaucoup de sens par rapport à notre projet associatif. »

En effet, depuis sa fondation, l’objectif de l’association est non seulement de lutter contre l’illettrisme, mais aussi de créer du lien social, notamment parce que l’association a rapidement « évolué vers l’enseignement du français langue étrangère (FLE) ». « La finalité, c’est de permettre l’intégration sociale, puisque les cours sont basés sur un usage quotidien, reprend Anne Sauveroche. Ça passe à la fois par l’intégration scolaire et par l’explication des usages de la vie sociale en France : comment accompagner ses enfants en cours, par exemple. » L’association dispose pour ce faire de 11 centres en Médoc, de Saint-Vivien-de-Médoc à Macau en passant par Cussac-Fort-Médoc, Hourtin et Lacanau.

4 pôles d’accueil pour les apprenants

L’autre principale difficulté rencontrée par l’association, notamment durant l’année passée, a été davantage d’ordre structurel. L’ancienne présidente de l’association est partie d’une façon que l’actuelle décrit pudiquement comme « houleuse ». Un bureau temporaire a été mis en place dans l’urgence et l’association a mesuré l’importance de se réorganiser, notamment pour répondre à l’exigence de réduction du nombre de ses salariés.

Afin de simplifier et d’améliorer le fonctionnement de l’association, il a été décidé de changer la répartition de ses 11 centres d’accueil en créant 4 grands pôles en Médoc : à Margaux-Cantenac ; entre Pauillac et Saint-Laurent-Médoc ; à Lesparre-Médoc et à Castelnau-de-Médoc. L’association cherche encore des locaux où s’installer de façon autonome dans ces deux dernières communes. L’idée est que chacun de ces pôles soit géré par une formatrice ou un formateur salarié-e qui puisse servir de référent aux satellites tenus par des bénévoles et que l’accueil des nouveaux apprenants s’accomplisse exclusivement dans ces pôles.

« Cela nous donnera une meilleure visibilité pour l’accueil des apprenants en mettant en place des horaires de permanence pour l’accueil des nouveaux, puisque nous serons dans des lieux identifiés où les salariés formateurs auront le temps de recevoir les personnes et de discuter avec elles, indique Anne Sauveroche. Auparavant, les personnes venaient pendant le cours et le perturbaient et c’était difficile de bien les accueillir, l’idée étant de déterminer quel est l’objectif de l’apprenant et comment bien l’accompagner. Le programme est toujours adapté : nous ne sommes pas un centre de formation qui impose des heures dans un lieu certains jours de la semaine. On voit avec l’apprenant à quel rythme il peut venir et on essaie de créer des groupes homogènes, plus en termes de projets que de niveaux. Avoir des locaux dédiés nous permettra ainsi d’avoir des lieux où nous serons physiquement identifiés, d’accueillir les nouveaux et aussi de pouvoir nous réunir si besoin pour faire le point entre direction et salariés ; entre bénévoles et salariés, etc. »

L’importance du numérique

S’il est une chose que la crise du Covid-19 a mise en évidence, considère la présidente de L’Oiseau Lire, c’est l’importance des technologies numériques pour maintenir le lien avec les apprenants. « Pendant la crise du Covid-19, on en a perdu un certain nombre, estime-t-elle prudemment1. On a essayé de maintenir des activités virtuelles, mais c’était difficile, entre ceux qui ne savent pas lire ; ceux qui ont des difficultés avec le numérique ; ceux qui ont des problèmes de connexion – assez courants en Médoc – et ceux qui ont peur et qui n’ont pas souhaité revenir. » L’un des grands enjeux de 2021 pour l’association sera donc de trouver une manière d’impliquer les apprenants dans le numérique en poursuivant des initiatives qui ont fonctionné durant le confinement (création d’un groupe Whatsapp et d’un petit journal interne en ligne pour se donner des nouvelles, par exemple) et d’en imaginer d’autres pour favoriser l’andragogie.2

Enfin, pour que l’association évolue dans le bon sens, le nerf de la guerre sera, comme souvent, le recrutement de nouveaux bénévoles, notamment prêts à s’investir dans le bureau ou l’organisation de L’Oiseau Lire. Car si le but premier de l’association reste l’enseignement, toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre. « Nous recherchons des bénévoles voulant s’investir du moment qu’ils sont intéressés par l’objet de l’association, notamment dans le bureau, pour que tout ne repose pas sur une ou deux personnes, sans quoi c’est lourd à porter, reconnaît Anne Sauveroche. Toute expérience professionnelle pouvant être mise au service de l’asso est intéressante : une personne compétente en comptabilité peut s’occuper de la trésorerie ; on a besoin aussi de gens doués en relations humaines ; ayant des compétences informatiques pour bâtir un site internet fonctionnel, etc. Tous les bénévoles sont accueillis par notre responsable des bénévoles, qui leur explique ce que fait l’asso et sont formés », rassure-t-elle.

Besoin de soutien institutionnel

Les projets de L’Oiseau Lire pour 2021 sont donc à la fois porteurs d’espoir et ambitieux. Mais comme ceux de nombreuses associations, touchées de plein fouet par le confinement et la crise du Covid-19, ils sont suspendus à l’éventuel soutien de ses nombreux partenaires institutionnels, la plus grande source de revenus de l’association médocaine étant toujours, à l’heure actuelle, les subventions. Subventions qui dépendent en temps normal du nombre d’heures de cours dispensées dans l’année. L’indulgence, compte tenu des circonstances particulières de cette année 2020, prévaudra-t-elle ? Anne Sauveroche l’espère. « Dans quelle mesure les partenaires institutionnels vont-ils pouvoir trancher entre les objectifs fixés et les besoins liés à la crise du Covid-19 ? » s’interroge-t-elle. Elle se veut toutefois confiante. « L’Oiseau Lire a toujours été reconnu comme utile et pendant la crise, on a pu réunir la Région, le Département, la CAF, la Direccte et le PNR pour monter une demande d’aide exceptionnelle conjoncturelle pour soutenir l’association », salue-t-elle.

Raphaëlle CHARGOIS

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