Choisir quelques-unes des Chroniques de Mouquirouse parues depuis 1997 dans Le Journal du Médoc, c’est un peu comme déposer dans son panier d’osier de jolis cèpes soigneusement cueillis, tout en sachant qu’on laisse bien d’autres merveilles derrière soi, au coin du bois. C’est à cet exercice, aussi enthousiasmant que frustrant, que nous nous sommes prêtés pour cette première édition du Meilleur de Mouquirouse. Un livre qui tient dans une poche, à emporter avec soi pour se rassasier d’un humour, d’une gouaille et d’un parler médocain inimitables. C’est avec son langage fleuri, rempart contre l’uniformisation et la bien-pensance, que notre Mouquirouse narre ses exploits, toujours prompte à défendre les gens de peu et le Médoc tout entier, à prendre le bouilli si on lui met des bâtons dans les roues de la cacugne. Même estropiée ou mal fichue, cette athlète du verbe nous rend sa copie chaque semaine depuis vingt-trois ans. Alors nous nous sommes dit que ce spécimen rare, soutenu par ses aficionados, méritait bien une sélection de ses chroniques drolatiques regroupées façon missel « mouquirousien ».
Pour cela, il a fallu plonger dans les archives, le papier journal comme la bécane à la con. Imaginez Gaston Lagaffe dans ses bureaux. Eh bien, c’était un peu la même chose, mais sans chat ni mouette rieuse. À ce petit jeu, on ne déniche pas que des acariens et des bugs informatiques. Les souvenirs aussi resurgissent. Les vôtres et les nôtres. En feuilletant les journaux à la recherche des perles de Mouquirouse, c’est aussi l’histoire de notre journal hebdomadaire qui défile. En toute logique, nous avons proposé à Jean-Pierre Gauffre de signer la préface de cet ouvrage. Fondateur du Journal du Médoc avec son épouse Françoise Gauffre, ancien rédacteur en chef, c’est à lui que l’on doit l’idée d’avoir laissé le champ libre à cette teigne de Mouquirouse qui, depuis, n’a en effet jamais lâché prise pour nous livrer ses aventures et le fond de ses pensées, labellisées 100 % non conventionnelles, anticonformistes. En toile de fond, ce n’est pas le Médoc de carte postale, mais le Médoc authentique, le Médoc de tous les jours, avec un fort penchant pour celui de l’estuaire et de la vigne. Ce personnage-là est la preuve que le pays médocain a un sacré caractère et même, osons le dire, une identité propre. En cela, les Chroniques de Mouquirouse nous sont précieuses. D’où l’idée de ce livre, dont nous espérons qu’il vous fera du bien.
Trêve de compliments. L’auteure pourrait en profiter pour nous réclamer une augmentation. Et ne comptez pas sur nous pour vous divulguer qui se « cache » derrière ce personnage à la langue bien pendue. Le secret est aussi bien gardé que les codes de la bombe atomique. Et puis, l’important n’est pas là. Le principal est de profiter de cet humour qui fait du bien par où il passe. Longue vie à Mouquirouse !
Auteur : Dominique BARRET