À moins de trois semaines du début de la saison estivale, certains restaurateurs, gérants de camping ou encore commerçants du littoral médocain étaient toujours à la recherche de saisonniers. Les offres d’emploi saisonnier à pouvoir en Médoc sont encore nombreuses comme il est possible de le constater sur le site Internet de Pôle emploi. La restauration est le secteur d’activité qui semble avoir le plus de difficulté à recruter. « Près de 200 postes sont encore à pouvoir », fait savoir Sylvie Berthelemy, directrice de l’agence Pôle emploi de Lesparre. Sont recherchés des commis, des plongeurs, des pizzaïolos, mais aussi des cuisiniers, « qui sont plus difficiles à recruter car une certaine expérience est exigée ».
Outre la restauration, les campings recrutent des saisonniers pour le ménage et l’animation notamment, tout comme les secteurs du commerce et de la grande distribution. « Il n’y a pas plus d’offres que d’habitude, tient à préciser Sylvie Berthelemy. C’est plutôt la main d’œuvre qui manque en raison du contexte sanitaire. » En clair, la pandémie de Covid-19 a fortement perturbé le recrutement des saisonniers. Avec un déconfinement tardif en mai, les offres d’emploi sont toutes arrivées en même temps. « D’habitude, les offres sont plus étalées dans le temps avec des besoins de recruter dès la fin de l’hiver, précise Maude Heraud, conseillère en entreprises Pôle emploi pour le secteur du Nord-Médoc. Il y a les offres pour la saison longue dès février et celles pour la saison courte en avril-mai. Cette année, il n’y a pu avoir que des offres saison courte avec des contrats de travail de deux ou trois mois seulement. »
« Tous les postes ne seront pas pourvus »
Les contrats courts ont sérieusement compliqué la tâche pour attirer des saisonniers sur le territoire. « Aujourd’hui, il n’y a plus de ressource en local puisque les locaux ont déjà été sollicités, confie la directrice de Pôle emploi. En Médoc, il n’y a pas vraiment eu ce phénomène de changement d’activité de la part des saisonniers locaux. » Le recrutement doit donc se faire à l’extérieur de la région. « Mais la concurrence est importante avec la même situation partout en France donc, avec des contrats courts, les saisonniers privilégient généralement le travail proche de leur domicile. » Sylvie Berthelemy ajoute à cela la difficulté que rencontrent les saisonniers pour trouver un logement en Médoc. Peu d’employeurs hébergent leurs saisonniers et le prix des loyers explose l’été sur le littoral. Aussi, comme l’an dernier, le forum des emplois saisonniers n’a pas pu se tenir en Médoc pour des raisons de confinement. Le recrutement s’est donc fait en ligne.
Pour Maude Heraud, les employeurs doivent mettre toutes les chances de leur côté pour attirer des saisonniers. Pôle emploi incite ces derniers à trouver un logement pour les salariés, mais aussi à présenter des offres avec des fourchettes de salaires, « qui doivent être à la hauteur notamment sur les postes expérimentés ». « Quand l’offre est importante, le saisonnier va là où les conditions sont les plus intéressantes », rappelle la conseillère en entreprises. De son côté, Pôle emploi, en association avec l’UMIH, propose des formations d’une ou deux semaines pour remettre à niveau les saisonniers dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration.
« Tous les postes ne seront pas pourvus, pense Sylvie Berthelemy, ce qui implique une organisation en interne pour les employeurs. » Aussi s’il y a des promesses d’embauche, la directrice ne cache pas qu’il y a de l’incertitude dans les rangs des employeurs de la restauration « qui attendent de voir si des mesures sanitaires ne vont pas réduire les capacités d’accueil cet été, dans quel cas ils n’auront pas besoin d’un effectif complet ». Il y a la même incertitude dans les hébergements de plein air.
Auteur : Mathieu CAURRAZE